POUR LES INCONDITIONNELS DU GRAND ECRAN !!!!
Cartes UGC-MK2 : les « indépendants » en alerte rouge
04/09/2007-09h29 - Emmanuel Berretta - © Le Point.fr
L’association des cartes de cinéma UGC et MK2, approuvée par le CNC en juillet, entrera en vigueur le jeudi 5 septembre pour une période d’observation de 20 mois. Bronca chez les « petits exploitants » parisiens qui hurlent à la mort. Controverse.
Sur quoi débouchera le grand chambardement des cartes d’abonnement « illimité » au cinéma ? Sans doute sur un nouveau texte de loi encadrant un peu plus un système, certes profitable aux consommateurs, mais très opaque et déstabilisant pour la filière cinéma.
En tout cas, la polémique est relancée au moment où MK2 quitte le système de cartes Pathé-Gaumont pour rejoindre le leader UGC. A compter du 5 septembre, les titulaires de la carte « UGC illimitée » seront admis dans les cinémas MK2.
Ce renversement d’alliance a été approuvée par le CNC, mais suscite les inquiétudes les plus vives du côté des petites salles indépendantes parisiennes, incapables de répondre commercialement à une telle puissance de feu.
Quant aux auteurs (du moins ceux qui osent s’opposer à la puissante UGC), ils réitèrent leurs protestations contre leur rémunération dans ce système de forfait. UGC s’est, en effet, octroyé 30 % d’augmentation sur le prix des cartes « illimitées » depuis 2000, mais n’a en rien répercuté cette manne sur les producteurs et distributeurs de films…
Dans cette affaire, c’est l’avis de la commission du CNC - il vient d’être rendu public - qui ne manque pas d’étonner. Un avis étrange… La conclusion de la commission est « favorable » au rapprochement UGC/MK2, mais son argumentaire contient de nombreuses réserves qui auraient dû, en toute logique, conduire à un refus… Ou du moins à la saisine pour avis du Conseil de la concurrence.
Vingt clauses abusives dans les contrats
La Commission, présidée par Marie Picard, souligne elle-même qu’il n’est pas exclu que l’alliance des cartes UGC et MK2 « puisse être analysée comme une position dominante collective, dont l’exploitation abusive pourrait alors être qualifiée, au regard des règles protégeant le libre jeu de la concurrence. »
Un peu plus bas, la même commission « n’exclut pas » que « les salles indépendantes puissent être fragilisées par ces nouvelles stratégies commerciales, dans la mesure où elles ne pourraient offrir les mêmes services ». En somme, si elle n’adhèrent pas à ce système, elles risquent de fermer boutique… Ont-elles alors le choix ?
La commisssion relève également qu’UGC a ignoré pas moins de 20 recommandations (!) que lui avait adressées la commission des clauses abusives destiné à protéger les abonnés. De même que les clauses abusives imposées aux exploitants indépendants n’ont toujours pas été modifiées dans les contrats en cours…
Manque de courage politique
Enfin, on apprend que MK2 peut renoncer, à tout moment, à s’associer au programme « UGC illimitée » si le prix convenu devait baisser en dessous de 18 euros par mois. Pour la Commission, cette clause du contrat entre MK2 et UGC peut constituer « une entente » empêchant « la baisse du prix de l’abonnement ». Ce qui est formellement défendu par le Code du commerce (article L 420-1).
« On ne comprend pas qu’après un tel réquisitoire, la commission ait pu approuver un tel projet de rapprochement », s’étonne Pascal Rogard, le président de la SACD lors d’un point presse commun à de nombreuses associations d’indépendants. Pour lui, par « manque de courage politique », le CNC n’a pas osé affronter UGC et MK2, deux poids lourds du secteur.
Du côté du ministère de la Culture, Christine Albanel a préféré choisir une posture d’observation. La ministre a chargé le CNC d’évaluer l’impact des cartes UGC/MK2 sur le marché parisien au cours des 20 prochains mois (la durée de leur agrément).
Quant à l’opacité du système (UGC ne communiquant aucun chiffre), la ministre promet d’y remédier. La loi du 15 juillet 2001 encadrant le système des formules d’abonnement n’avait pas prévu l’obligation de transparence. Christine Albanel pourrait bien combler cette lacune.