Grippe A : faut-il vacciner les enfants ?Santé.
Demain, 5,3 millions de collégiens et lycéens commenceront à être
traités contre la grippe H1N1. Les parents restent partagés. OAS_AD("Position1");
C'est
demain que démarre dans les collèges et lycées la vaccination contre la
grippe H1N1. Plus de cinq millions d'élèves sont concernés par cette
campagne de masse à laquelle il sera procédé par étape et qui nécessite
l'accord préalable des parents. Alors, faut-il accepter cette
vaccination lancée le 12 novembre ? Tant du côté des professionnels de
santé que de la population, la méfiance demeure, même si les centres de
vaccination longtemps boudés connaissent aujourd'hui une certaine
affluence ? Les craintes dans ce vaccin et ses conséquences sont bien
là, formulées avec plus ou moins de discernement. Et elles se
justifient d'autant plus que cette nouvelle pathologie ne revêt pas de
forme plus sévère qu'une grippe saisonnière. Sauf que sa diffusion
rapide, sa forte contagiosité pourrait bien être à l'origine d'une
mortalité supérieure. Qui écouter, qui croire dans un débat où
l'emporte souvent la confusion. Les questions posées par les Français
ne reçoivent que des réponses partielles. Connaît-on tous les effets
secondaires du vaccin caractérisés déjà parfois par de fortes fièvres ?
Que dire des adjuvants qui font peur, même s'ils décuplent l'effet du
vaccin ? Pourquoi sort-on du schéma classique des vaccinations
habituelles ? Pourquoi deux sortes de vaccin et pourquoi l'immunité
juridique des labos ? On pourrait multiplier à l'infini ces
interrogations comme autant de freins à une vaccination sans
appréhension. Dans leur cabinet, les médecins ne se sont jamais autant
livrés à des séances d'explication. Alors qu'à l'extérieur, les séances
de vaccination dans les gymnases frôlent la désorganisation.
Autre sujet d'inquiétude maintenant, le risque de mutation du H1N1.
Contre un virus mutant, ne manquent pas de rappeler les opposants, un
vaccin ne peut pas grand-chose. C'est un autre débat dans le débat.
Mutation du virus : le cas de la NorvègeC'est en Norvège que la dernière mutation du virus de la grippe A
est apparue. « La mutation pourrait affecter la capacité du virus à
pénétrer plus profondément dans les poumons, provoquant, de ce fait,
des maladies plus graves », expliquent les experts. Mais il n'y a
aucune raison de croire qu'elle ait une implication sur les effets des
vaccins contre la grippe ou des médicaments antiviraux, estime
l'Institut norvégien de santé publique. Les spécialistes sont prudents
sur l'interprétation à donner à la mutation du virus détectée dans
trois cas en Scandinavie, et se disent confiants dans l'efficacité des
vaccins.
Pour le virologue Bruno Lina, directeur du Centre national de
référence des virus de la grippe pour le sud de la France, cette
mutation n'est pas « une surprise ». « C'était attendu, et ça
recommencera ». Le directeur général de la Santé, Didier Houssin, a lui
aussi estimé que les vaccins restaient efficaces.
Par ailleurs, l'Europe a donné son feu vert pour le recours à une
dose unique dans la plupart des cas, pour deux des vaccins contre H1N1,
le Focetria (Novartis) et le Pandemrix (GlaxoSmithKline).
Pour ou contrePOUR
Docteur Hervé Oscar, généraliste à Toulouse. « N'oublions pas que le virus de la grippe A est récent. On ne
connaît pas ses réactions. De plus, il se révèle très contagieux et se
diffuse à la vitesse « V ». L'actualité montre également qu'il peut
être mutant. Je suis pour la généralisation de la vaccination à titre
collectif car on ne peut laisser ce virus se propager sans limite.
C'est vrai que les patients que nous recevons dans nos cabinets
arrivent avec beaucoup d'interrogations, notamment sur la fiabilité des
vaccins. Nous essayons de les remotiver. Il faut avoir confiance dans
ces vaccins. Il y a tout de même des fichiers de contrôle comme pour
toutes les vaccinations auxquelles nous faisons confiance les yeux
fermés depuis des années, qu'elles proviennent des labos
pharmaceutiques ou de l'institut Pasteur. Il y a une responsabilité
assumée avec une traçabilité excellente. Par contre, dans le système
mis en place actuellement pour les vaccinations, on se heurte à des
incroyables lourdeurs administratives. »
CONTRE
Docteur Didier Piquemal, médecin généraliste à Saint-Girons (Ariège).Ces derniers jours, Didier Piquemal, praticien dans le Couserans, a
vu passer dans ses visites cinq ou six cas de suspicion de grippe A.
Depuis le début, il n'a jamais été très enthousiaste sur la vaccination
: « S'ils n'ont aucune pathologie, aucun antécédent, je conseille à mes
patients de ne pas se faire vacciner. C'est bien sûr différent s'ils
sont atteints par une pathologie sérieuse, par exemple une
cardiopathie. En fait, cette grippe A est une affaire réglée en trois
jours. Visiblement, elle se révèle moins grave et moins longue qu'une
grippe saisonnière. On est maintenant en pleine épidémie et on peut se
demander s'il n'est pas trop tard. N'oublions pas qu'il faut trois
semaines pour que le vaccin soit efficace, avec, semble-t-il, un début
de protection au bout de quinze jours. Mais attention, je n'englobe pas
dans cette réflexion les personnes fragiles auxquelles le vaccin doit
être administré. »
Les établissements scolaires fermésDans la région Midi-Pyrénées, l'épidémie de grippe a atteint un pic
dans l'Ariège. En effet, 35 classes ont été fermées hier matin par la
préfecture. Elles s'ajoutent aux 18 classes fermées la semaine
dernière.. Le virus de la grippe frappe également plus fortement
l'Aveyron, où l'on recense 16 établissements fermés, 397 élèves grippés
(grippe A avérée ou suspicion) et 3302 enfants contraints de rester
chez eux. Dans les Hautes-Pyrénées, 9 écoles ont fermé leurs portes
hier matin, ce qui porte leur nombre à 15 au total. Dans le Gers, où
925 personnes ont été vaccinées à ce jour, une seule école était
touchée à Mauvezin. Elle a rouvert ce matin. Le Tarn-et-Garonne semble
aujourd'hui plus épargné par l'épidémie de grippe avec une seule
fermeture d'école. Dans le Lot, on relève un quinzième cas au lycée
Champollion de Figeac, mais l'établissement n'est pas fermé. Une
deuxième école est fermée jusqu'à dimanche à Leyme. Pour le Tarn, 3
classes ont fermé hier dans les collèges de Lavaur et Mazamet. En
Haute-Garonne, on recense 5 écoles, une classe de seconde dans un lycée
et 2 collèges fermés. Dans l'Aude, 13 écoles dont un collège, ont
fermé. Dans le Lot-et-Garonne, cinq classes de collèges sont fermées
ainsi que trois écoles.
Etes-vous pour ou contre la vaccination ?Des craintes « sur les effets secondaires ». J'en ai parlé avec mes
parents : ma mère est adepte de la médecine douce et mon père n'a pas
vraiment d'avis sur la question. On a une amie infirmière qui nous a
parlé des effets secondaires du vaccin et j'avoue que ça ne m'a pas
trop encouragé à me faire vacciner. Au collège, on nous a fait passer
un formulaire à remplir et je ne crois pas que je me ferai vacciner.
C'est vrai qu'on ne sait pas quoi penser.
Quentin, 14 ans, élève de 3e à Saint-Juery (82), collégien en 3e à Toulouse« Oui, je suis prioritaire ». J'ai reçu un bon de vaccination
prioritaire car j'ai des antécédents médicaux. Au début, cette grippe A
ne me faisait pas vraiment peur. Ma mère m'a dit, on va voir mais je
crois qu'elle a envie maintenant que je me fasse vacciner, à cause de
la mutation du virus. Donc, je pense que je vais sûrement me faire
vacciner. En plus, autour de moi, j'ai des cousins qui ont des enfants
en bas âge, c'est aussi pour eux.
Selma, 13 ans, collégienne en 3e à Toulouse« Non, je ne me ferai pas vacciner ». À part rester coller pendant
deux jours au lit, je ne pense pas que se faire vacciner servira à
quelque chose de plus. Moi, c'est non, je ne me ferai pas vacciner
malgré tout ce qu'on entend sur la grippe A H1N1. Pour moi, c'est juste
pour les personnes qui ont des maladies. Mon médecin m'a dit que si on
est en bonne santé, ça ne sert à rien. Ma mère, qui est puéricultrice,
pense qu'elle ne se fera pas vacciner.
Maxime, 14 ans, élève de 3e à Saint-Juery (82)« On n'a aucun recul ». Je ne me vaccine pas. Ni mes trois enfants.
On n'a aucun recul sur ce vaccin, donc méfiance. On a vraiment
l'impression que le gouvernement veut à tout prix nous coller le vaccin
car les autorités sanitaires l'ont acheté. Normalement, la vaccination
concerne les personnes à risques ou des enfants qui ont des problèmes
respiratoires. C'est une opération qui va coûter cher au contribuable
et ce vaccin va nous rester sur les bras.
Lydie, 41 ans, mère de trois enfants, chargée de communication