Son lancement suscite de vives inquiétudes
alors que s'ouvre la chasse aux deux ou trois kilos accumulés pendant
l'hiver : Alli, le premier médicament pour perdre du poids sans
ordonnance, arrive dans les pharmacies françaises mercredi 6 mai en
vente libre, même s'il sera placé derrière le comptoir. Il ne s'agit
pas d'un nouveau médicament, mais d'une version à demi-dose de Xenical
(Orlistat), une molécule connue et délivrée sur ordonnance depuis 1998.
Pour ses partisans, comme le Collectif national d'associations
d'obèses, cette mise en vente peut être une
"main tendue" aux patients obèses ou en surpoids, pour les encourager à consulter.
D'autres redoutent des dérapages, une augmentation des troubles
alimentaires (notamment la boulimie...) et une automédication
inadaptée. Parmi ses contre-indications, la prise de certains
médicaments (ciclosporine, anticoagulants...). Les troubles digestifs
(allant jusqu'aux diarrhées graisseuses) peuvent nuire à l'efficacité
de la pilule contraceptive, comme le souligne l'Agence française de
sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).
"ALLI N'EST PAS UN PRODUIT MIRACLE"La pilule agit dans l'intestin pour limiter l'absorption des
graisses ingérées, dont elle facilite l'élimination par voies
naturelles. Elle s'adresse aux adultes en surpoids ou obèses pour
l'accompagnement d'un régime amaigrissant. Sa prise doit s'accompagner
d'un régime réduit en calories et pauvre en graisses, et d'exercice
physique pour aider à perdre du poids. Il ne s'agit pas d'un
"produit miracle", souligne le professeur
Michel Krempf, chef de service d'endocrinologie, qui avait travaillé au développement de la molécule d'origine.
Préventivement, avant cette commercialisation, l'Agence du
médicament avait lancé un appel à la prudence et à la raison face aux
tentations des produits pour maigrir. "
La ligne jaune est vite dépassée lorsqu'on cherche à perdre quelques kilos superflus, notamment avant l'été", a ainsi mis en garde le docteur
Anne Castot, de l'Afssaps. Pour sa part, le laboratoire pharmaceutique qui lance la pilule sur le marché, GSK
Santé Grand Public, affirme avoir consacré d'importants moyens pédagogiques pour former les pharmaciens et le grand public à cette "
nouvelle catégorie de produits de gestion de la perte de poids",
qui a déjà séduit 5 millions de personnes aux Etats-Unis, où Alli est
en vente libre depuis juin 2007. C'est aujourd'hui le septième produit
d'automédication dans ce pays, selon GSK.
Alli (coût du traitement : 2 euros par jour ; durée maximale de
prise : 6 mois ) sera commercialisé sous deux formats-boîte de 42
gélules pour deux semaines de traitement au prix conseillé de 39,90
euros, et une boîte de 84 gélules pour un mois à 59,90 euros.
Pas question de se servir directement en attrapant une boîte au
passage parmi d'autres produits en vente libre placés devant le
comptoir : le pharmacien doit a priori jouer son rôle de conseil. Le
lancement du produit est en effet encadré par les autorités sanitaires,
"
Le pharmacien devra vérifier les restrictions d'utilisation", a déjà prévenu
Fabienne Bartoli,
adjointe au directeur général de l'Afssaps. Le public concerné trouvera
également un guide de conseils en pharmacie et disposera d'un site
Internet qui ouvrira en été :
www.alliprogramme.fr (proposant recettes,
exercices physiques, calculateur d'IMC – indice de masse
corporelle...). Un numéro Azur (prix d'appel local), le 0810-320-300,
est en place depuis le 4 mai.