Le premier ministre, François Fillon, ainsi que le ministre de la Culture, Christine Albanel, représentaient la France à Honfleur où famille, amis et un millier d'anonymes ont rendu hier hommage à l'acteur.
BEAUCOUP de monde, mais à la bonne franquette, sous le joli soleil de Honfleur, pour l'enterrement de Michel Serrault, dans la belle église Sainte-Catherine à la double voûte de bois édifiée par les charpentiers de marine. Tout est simple et ordonné. Moins d'officiels et de célébrités que de ce grand public chaleureux auquel le comédien s'adressait toujours. Moins de curieux que de fervents, pour l'entrée en piste dans l'au-delà de Serrault, le clown qui croit au Ciel.
Charles Aznavour est arrivé le premier, suivi de Pierre Tchernia, de Jean-Pierre Mocky, Caroline Cellier, trait d'union entre Poiret, son mari, et Serrault, de Bertrand Blier, des producteurs Charles Gassot et Christophe Rossignon. Daniel Prévost, Charles Berling, Jackie Berroyer, Édouard Baer se sont glissés discrètement entre les bancs réservés aux personnalités, bientôt complétés par des anonymes, car il reste de la place, et, très évangéliquement, le service d'ordre fait monter vers les premiers rangs les derniers venus.
La trompette, bien sûr, dont il aimait jouer, accompagne avec l'orgue l'arrivée du cercueil, et le père de La Morandais, qui a, comme il dit joliment, « recueilli son dernier sourire », place aussitôt la cérémonie sous le signe de l'action de grâce, et fait saluer Michel Serrault d'une salve d'applaudissements.
Dernier et merveilleux cadeau du grand acteur à tous ceux qui l'aiment et l'admirent, une messe remplie de la ferveur et de la joie chrétiennes qui n'ont cessé d'animer la vie et l'art de Michel Serrault. « Laissez-moi vous le redire, nous souffle-t-il à travers l'épître de saint Paul, soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. »
Et l'Évangile est celui du commandement d'aimer, aimer Dieu et son prochain, que Michel Serrault a pratiqué en donnant à comprendre la grandeur et la faiblesse humaines à travers ses interprétations. « Le comédien peut révéler les facettes les plus troublantes d'un personnage et le considérer comme un homme », a rappelé le célébrant dans son homélie.
« C'était très religieux », commente une jeune fille à la sortie, tandis que les célébrités se mêlent à la foule pour déguster un petit blanc à la mémoire de Michel, avant de l'accompagner au cimetière. Très religieux, très amical, très joyeux. Merci, Michel, et bonne nouvelle vie !
_________________
Sujet: Serrault, adlieu l'ami 
